Pourquoi l’automne est la saison préférée des photographes ?

Pourquoi l’automne, un terrain de jeu photographique inégalé ?
Chaque année, lorsque l’air se rafraîchit doucement et que les journées raccourcissent, un frisson particulier traverse l’atmosphère. L’été s’éloigne, mais loin d’être une fin, l’automne ouvre une parenthèse magique pour la photographie. Si tu aimes capturer des images, tu sais probablement que cette saison est un terrain de jeu inégalé. Et si tu hésites encore, laisse-nous t’emmener dans une exploration de ce que l’automne, et en particulier octobre, offre aux photographes en quête de lumière, de couleurs et d’émotions.
Cette fascination pour l’automne n’est pas nouvelle. Depuis l’invention de la photographie, les maîtres de l’art ont été attirés par cette saison comme des aimants. Il suffit de regarder les œuvres d’Ansel Adams capturant les érables flamboyants du parc de Yosemite, ou les atmosphères brumeuses d’Edward Weston pour comprendre que l’automne possède une âme photographique unique.
Les 3 phases de l’automne photographique : de septembre à novembre
Septembre : l’ouverture en douceur
Septembre marque la transition subtile entre l’été et l’automne véritable. C’est le mois des premiers signes : quelques feuilles jaunissent aux extrémités des branches, la lumière devient légèrement plus chaude, l’air se charge d’une fraîcheur nouvelle.
Pour le photographe, septembre offre des opportunités uniques : capturer le contraste entre les derniers verts intenses de l’été et les premières touches de jaune et d’ocre. C’est aussi le moment idéal pour les portraits en extérieur, car la lumière reste généreuse mais se fait plus douce.
Conseil technique septembre : Profite de cette période pour explorer les compositions en contre-jour. La lumière encore haute permet de jouer avec les silhouettes et les transparences des premières feuilles qui changent de couleur.
Octobre : l’apogée flamboyante
Octobre représente l’explosion chromatique de l’automne. C’est durant ce mois que la nature déploie sa palette la plus riche : rouge écarlate des érables, orange vibrant des chênes, jaune doré des bouleaux, brun cuivré des hêtres. Cette symphonie de couleurs ne dure souvent que 2-3 semaines, ce qui rend chaque sortie photo précieuse.
La lumière d’octobre possède des qualités exceptionnelles. Plus basse sur l’horizon qu’en été, elle caresse les paysages d’un éclairage latéral qui révèle chaque texture, chaque relief. Les matinées peuvent être brouillonnneuses, créant ces atmosphères mystérieuses si recherchées, tandis que les fins de journée offrent cette fameuse golden hour prolongée.
Technique octobre : C’est le moment d’expérimenter avec les longues expositions. Le vent d’automne fait danser les feuilles, créant des effets de mouvement poétiques. Utilise un trépied et des vitesses de 1/4 à 1 seconde pour capturer ce ballet naturel.
Novembre : l’introspection mélancolique
Novembre marque l’entrée dans l’automne tardif. Les arbres se dépouillent progressivement, révélant leurs structures nues. Le paysage devient plus graphique, plus minimaliste. C’est la saison des brumes persistantes, des premières gelées qui parent la nature de cristaux éphémères.
Cette période, moins spectaculaire que l’explosion d’octobre, offre pourtant des opportunités photographiques fascinantes. Les compositions se simplifient, l’attention se porte sur l’essentiel : une branche solitaire, un étang miroir, un chemin qui disparaît dans la brume.
Approche novembre : Pense en noir et blanc. Cette période s’y prête parfaitement, les contrastes subtils et les atmosphères dépouillées trouvent dans le monochrome une expression particulièrement forte.
Les maîtres de la photographie automnale : sources d’inspiration
Ansel Adams : le pionnier du paysage automnal
Ansel Adams reste la référence absolue en matière de photographie de paysage automnal. Son célèbre « Autumn Moon, Hernandez, New Mexico » (1941) capture parfaitement l’essence de cette saison : une lumière dramatique qui transforme un paysage ordinaire en œuvre d’art. Adams maîtrisait l’art de saisir ces moments fugaces où la lumière automnale révèle chaque détail du paysage.
Sa technique du « zone system » trouve d’ailleurs toute sa pertinence en automne, où les contrastes entre ombres profondes et lumières ambrées demandent une exposition parfaitement maîtrisée. Adams nous enseigne qu’en automne, la patience est reine : attendre le bon moment, la bonne lumière, peut transformer une scène banale en image mémorable.

Photo de ©Ansel Adams
Marc Adamus : le maître contemporain des couleurs automnales
Plus récemment, Marc Adamus a révolutionné la photographie de paysage automnal en combinant technique classique et post-traitement moderne. Ses images de forêts du Pacific Northwest américain montrent comment la technologie numérique peut sublimer les couleurs automnales sans les trahir.
Adamus excelle dans la capture des atmosphères mystérieuses : brouillards matinaux, rayons de lumière perçant la canopée, reflets parfaits dans les lacs de montagne. Son approche nous rappelle qu’en automne, chaque élément du paysage peut devenir le sujet principal de l’image.

Photo de ©Marc Adamus
Albert Renger-Patzsch : la beauté du détail automnal
Le photographe allemand Albert Renger-Patzsch, figure du mouvement « Nouvelle Objectivité », nous montre une autre approche de l’automne. Ses macrophotographies de feuilles, branches et textures d’écorce révèlent que la beauté automnale ne réside pas uniquement dans les grands paysages.
Cette approche du détail est particulièrement pertinente aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux où une simple feuille perlée de rosée peut créer plus d’émotion qu’un panorama grandiose.

Photo de ©Albert Renger-Patzsch
Pourquoi la lumière d’automne est-elle si particulière ?
La magie de l’éclairage automnal
La magie de la lumière automnale s’explique par plusieurs phénomènes physiques. D’abord, l’angle du soleil : en automne, notre étoile reste plus basse sur l’horizon, créant une lumière plus oblique qui traverse davantage d’atmosphère. Cette traversée filtre les rayons bleus et violets, ne laissant passer que les teintes chaudes : jaunes, oranges, rouges.
Ensuite, l’humidité atmosphérique typique de l’automne diffuse cette lumière, créant cet effet de halo doré si caractéristique. Les particules en suspension (poussières, pollen d’automne, micro-gouttelettes) agissent comme des millions de petits diffuseurs naturels.
Pour vulgariser, le soleil reste plus bas dans le ciel, ce qui transforme la qualité de l’éclairage naturel. Alors qu’en été, la lumière est souvent dure, crue, et laisse des ombres marquées, en automne avec un soleil plus bas dans le ciel, la lumière est rasante. Elle devient douce, diffuse, chaude.
Les fins de journée se teintent d’un éclat chaud et enveloppant, et les matinées offrent parfois ce voile de brume qui rend chaque paysage mystérieux. Si tu as déjà marché tôt le matin dans une forêt automnale, tu sais à quel point la combinaison du brouillard et de la lumière rasante peut transformer un simple chemin en scène sortie d’un conte.
L’heure dorée prolongée
Contrairement à l’été où la golden hour ne dure qu’une trentaine de minutes, l’automne offre des périodes de lumière dorée beaucoup plus longues. En octobre, cette lumière peut durer près de deux heures le matin et autant le soir, multipliant les opportunités de capture.
Cette extension temporelle change complètement l’approche photographique. Tu n’es plus dans l’urgence, tu peux prendre le temps de composer, d’affiner tes réglages, d’attendre le passage d’un nuage pour adoucir la lumière.
L’imprévisibilité créative de l’automne
La beauté de l’automne, c’est aussi son imprévisibilité photographique. Un jour, tu photographies un tapis de feuilles sèches aux couleurs flamboyantes ; le lendemain, une pluie fine recouvre ces mêmes feuilles d’une brillance presque métallique ; et le surlendemain, une gelée matinale vient les habiller de cristaux.
Ces variations rapides créent des opportunités photographiques infinies. Octobre est particulièrement riche de ces contrastes, car c’est le mois où tout coexiste : la chaleur visuelle des couleurs, la fraîcheur dans l’air, la lumière encore généreuse mais déjà adoucie, et parfois les premières morsures de l’hiver qui s’annonce.
Sujets d’automne : au-delà des paysages, que photographier à cette saison ?
La faune automnale
L’automne est une saison d’intense activité pour la faune. Écureuils qui font leurs réserves, oiseaux migrateurs qui se rassemblent, cervidés en période de brame. Cette faune active offre des opportunités de photos animalières exceptionnelles, souvent dans des décors naturellement colorés.
Conseil pratique : Les animaux sont moins méfiants tôt le matin. Profite de la lumière ambrée du lever du soleil pour combiner beauté du paysage et présence animale.
Portraits automnaux : jouer avec l’environnement et la lumière rasante
L’automne transforme chaque lieu en studio naturel. Les couleurs chaudes des feuillages créent des arrière-plans flatteurs pour les portraits. La lumière dorée adoucit les traits et réchauffe les tons de peau.
Techniques portrait automne :
- Utilise les feuilles comme réflecteurs naturels pour éclaircir les ombres
- Joue avec la profondeur de champ pour isoler ton modèle du feuillage
- Incorpore des accessoires de saison : écharpes, bonnets, boissons chaudes
- Profite du vent pour créer du mouvement dans les cheveux et les vêtements

Street photography : un couple en automne au parc de Belleville à Paris
Street photography automnale
L’automne en ville offre des contrastes saisissants entre l’architecture urbaine et les touches de nature. Parcs urbains, alignements d’arbres le long des avenues, marchés aux couleurs automnales créent des scènes de rue uniques.
Cette saison permet aussi de capturer les changements de comportements : gens qui ressortent leurs manteaux, terrasses qui se parent de plaids, vendeurs de marrons chauds. L’automne raconte une histoire urbaine spécifique.
Halloween et la photographie créative
Halloween en octobre offre une dimension créative supplémentaire à la photographie d’automne. Plutôt que de tomber dans les clichés commerciaux, tu peux créer une esthétique qui marie l’esprit mystérieux d’Halloween avec la beauté naturelle de l’automne.
Les citrouilles éclairées créent des sources de lumière chaudes qui contrastent magnifiquement avec la fraîcheur de l’air automnal. Utilise cette lumière pour éclairer des portraits dramatiques ou créer des natures mortes aux ambiances mystérieuses.
Si cette approche plus sombre et créative t’intéresse, n’hésite pas à découvrir mon guide complet de la photographie d’horreur qui explore en profondeur les techniques pour créer des atmosphères saisissantes.
Compositions créatives spéciales automne
Le cadrage par les branches
L’automne offre des cadrages naturels exceptionnels. Les branches aux feuilles colorées peuvent encadrer ton sujet principal, créant une composition en « mise en abyme » très esthétique. Cette technique, héritée de la peinture classique, fonctionne particulièrement bien avec les couleurs chaudes automnales.
La règle des tiers revisitée
En automne, n’hésite pas à rompre avec la règle des tiers traditionnelle. Un tapis de feuilles peut occuper les 2/3 inférieurs de l’image, laissant juste une bande de ciel en haut. Inversement, une canopée flamboyante peut dominer les 2/3 supérieurs.
Les lignes directrices automnales
Les chemins bordés d’arbres créent des lignes de fuite naturelles, renforcées par l’alignement des troncs et la perspective des feuillages. Utilise ces lignes pour guider l’œil vers ton point d’intérêt principal.
Les reflets automnaux
Les plans d’eau deviennent des miroirs parfaits pour doubler l’impact des couleurs automnales. Lac calme au petit matin, mare forestière, même une simple flaque après la pluie peut créer des compositions saisissantes.
Maîtriser la technique de la photographie automnale
L’exposition en automne : gérer les contrastes extrêmes
L’automne présente des défis techniques spécifiques. Les contrastes peuvent être extrêmes : feuillages très lumineux contre des troncs sombres, ciel blanc contre sous-bois obscur. La mesure de lumière devient cruciale.
Technique de la mesure spot : Utilise la mesure spot sur l’élément principal de ta composition. Si tu photographies un érable rouge, mesure directement sur les feuilles pour éviter qu’elles ne soient surexposées et perdent leurs détails.
La technique du bracketing : En automne, n’hésite pas à shooter en bracketing d’exposition. Les variations de lumière sont si rapides (nuages, vent dans les feuilles) qu’avoir plusieurs expositions te donne plus de choix au moment de la sélection.
Objectifs et focales pour l’automne
Grand-angle (14-35mm) : Parfait pour les paysages forestiers, permet d’inclure à la fois le tapis de feuilles et la canopée colorée. Attention aux déformations sur les bords, particulièrement visibles avec les troncs droits.
Standard (35-85mm) : La polyvalence incarnée. Cette plage focale reproduit le plus fidèlement la vision humaine et convient parfaitement aux scènes automnales équilibrées.
Téléobjectif (85-200mm) : Idéal pour isoler des détails, compresser les plans et créer des arrière-plans flous qui font ressortir les couleurs. Perfect pour les portraits automnaux également.
Macro (60mm, 100mm, 180mm) : L’automne regorge de sujets macro : feuilles veinées, gouttes de rosée, champignons, écorces texturées. Un objectif macro révèle un monde de détails souvent invisibles à l’œil nu.
Réglages spécifiques pour l’automne
Mode de mesure : Privilégie la mesure matricielle/évaluative pour les paysages généraux, spot pour les détails spécifiques.
Balance des blancs : L’automne peut tromper l’automatisme. Teste la balance « ombre » qui réchauffe l’image, ou crée une balance personnalisée sur une feuille blanche en début de séance.
Profondeur de champ : L’automne se prête aussi bien aux grandes ouvertures (f/1.4-f/2.8) pour isoler un sujet, qu’aux petites ouvertures (f/8-f/11) pour avoir toute la scène nette. Évite f/16 et plus à cause de la diffraction.
Quels sont les meilleurs spots pour faire de la photographie en automne ?
Forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne) : Accessible depuis Paris, elle offre une diversité d’essences exceptionnelle. Les hêtres prennent de magnifiques teintes cuivrées en octobre.
A Paris en automne : le Parc des Buttes-Chaumont, avec ses reliefs escarpés et la diversité des arbres en font un terrain de jeu exceptionnel pour la photo d’automne urbaine. Cimetière du Père-Lachaise, au-delà de son aspect historique, est un véritable arboretum en pleine ville. Les couleurs d’automne y prennent une dimension poétique unique. Enfin, la Coulée verte René-Dumont (une voie ferrée transformée en jardin suspendu) offre des perspectives uniques sur l’automne parisien.
Vosges (Grand Est) : Les forêts mixtes des Vosges offrent des paysages automnaux spectaculaires. Le lac de Gérardmer entouré de ses forêts colorées est un incontournable.
Cévennes (Occitanie) : Les châtaigniers et les hêtres créent un tapis de couleurs unique. L’architecture locale en pierre se marie parfaitement avec les teintes automnales.
Auvergne : Les volcans endormis entourés de forêts offrent des panoramas automnaux grandioses. Le puy de Dôme au coucher du soleil en octobre est magique.

Une photo que j’ai prise durant la golden hour en octobre, à Paris
Finalement, pourquoi octobre reste LE mois des photographes ?
L’automne, et particulièrement octobre, concentre tous les ingrédients qui fascinent les photographes depuis l’invention de cet art. Une lumière unique qui transforme le quotidien en extraordinaire, une palette de couleurs qu’aucun pinceau ne saurait égaler, des atmosphères chargées d’émotion qui touchent directement au cœur.
Mais au-delà de ces aspects techniques et esthétiques, l’automne nous rappelle des vérités essentielles sur la photographie et sur la vie. Cette saison éphémère nous enseigne l’importance du timing, de la patience, de l’observation attentive. Elle nous montre que la beauté réside souvent dans la transition, dans l’impermanence, dans ces moments fugaces qui ne se reproduiront jamais exactement de la même manière.
Que tu sois photographe débutant ou confirmé, n’attends plus pour te plonger dans cette saison magique. Chaque jour qui passe en automne est unique, chaque sortie peut révéler des surprises. Prépare ton matériel, repère tes spots, mais surtout reste ouvert à l’imprévu.
L’automne récompense ceux qui osent se lever tôt pour capturer la brume matinale, qui acceptent de se mouiller sous une pluie fine pour photographier les reflets sur les feuilles, qui prennent le temps d’observer avant de déclencher.
Cette saison t’invite à développer ton regard, à affiner ta technique, mais aussi à retrouver cette émerveillement d’enfant devant la beauté du monde. Car c’est peut-être cela, finalement, le plus grand cadeau de l’automne au photographe : nous rappeler pourquoi nous avons pris un appareil photo pour la première fois.
Alors sors, explore, expérimente, et surtout, laisse-toi surprendre par la magie automnale. Ton regard de photographe ne s’en trouvera que plus riche, et tes images porteront cette émotion authentique qui fait la différence entre une simple photo et une œuvre qui traverse le temps.
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